Le voilà ! Il avait peiné à se former, mais il était bien là. Un petit nuage d'été vagabond, flottant au gré des courants aériens, baladé par les différentiels de pression, de forme sans cesse changeante.
Au beau milieu d'un anticyclone, on ne pouvait voir que lui. Dans tous les paysages du coin, il ajoutait ce petit goût léger mais indispensable. Il était si fragile qu'il peinait à projeter son ombre sur les champs et les rivières, sur les gorges et les villages.
« Qu'elle est belle la vue de là-haut ! » Se disaient les fleurs et les grenouilles.
« Si seulement je pouvais m'élever à cette hauteur et être bercé par ses vents ! » S'écriaient les oiseaux et les bourdons.
« Peut-être que je serais comme lui ! » Ajouta chaque goutte d'eau de la rivière, chaque goutte d'eau des ruisseaux, chaque goutte d'eau de la rosée matinale.
Qu'en était-il du petit nuage ?
« Comme j'aimerais apprécier la beauté des fleurs... Comme j'aimerais écouter le chant des grenouilles ! Comme j'aimerais pouvoir me poser sur une branche pour chanter, comme j'aimerais goûter au doux parfum des bois, comme j'aimerais glisser le long des berges, des rochers et des feuilles... »
Le nuage s'en alla. Ce symbole de liberté, d'insouciance...
Quel malheur d'être ainsi enfermé dans les cieux jusqu'à la prochaine pluie !